Il est l’heure de conclure cette chronique que nous avions entamée avec la Fontaine Saint Michel. Pour ce dernier article, j’ai décidé, non sans avoir longuement hésité, de vous parler de la fontaine des Innocents. Localisée dans le premier arrondissement parisien place Joachim du Bellay, cette fontaine quadrangulaire rappelle par sa forme un petit temple. Il s’agit de la plus vieille fontaine de Paris connue à ce jour. Je terminerai donc d’une certaine manière cette chronique par le début.
Elle fut érigée à l’occasion de l’entrée solennelle du roi Henri II à Paris en 1549 sur les dessins de l’architecte Pierre Lescot avec les sculptures de Jean Goujon, des reliefs légers qui évoquaient les nymphes des eaux, renouant ainsi avec la tradition antique du nymphée. Le nom innocent fait référence au cimetière où la fontaine fut érigée.
À la fin du XVIIIe siècle, l’ensemble des cimetières de Paris sont vidés et remplacés par ceux actuels, situés à l’époque à l’extérieur de la ville. Le cimetière des Innocents, plus communément qualifié de charnier, qui jouxtait l’église des Saints-Innocents, est également vidé, suite à l’effondrement d’un muret dans une cave. L’église est démolie en 1785 et la fontaine se retrouve isolée dans un coin de l’espace dégagé, destiné à devenir par la suite un marché. La fontaine fut déplacée en 1788 au milieu du marché, une fois celui-ci crée. Mais, les deux faces de la décoration ancienne étaient insuffisantes pour orner les quatre côtés de la nouvelle fontaine. Il fallut y suppléer par de nouveaux pilastres, de nouveaux bas-reliefs, plusieurs naïades. Celles qui furent ajoutées sont l’œuvre de Pajou.
Sous l’Empire, l’amélioration de l’alimentation en eau permit de faire jaillir le flot en cascades ; c’est pourquoi, en 1810, on retira les bas-reliefs de Goujon des soubassements pour les préserver du ruissellement avant de les faire entrer au musée du Louvre en 1824. En 1856, sous la direction de Davioud, la fontaine fut à nouveau déplacée et modifiée (soubassement pyramidal, six bassins étagés sur chaque côté, vasque de bronze au centre, coupole métallique imitant des écailles de poissons) : elle occupe encore aujourd’hui le centre du square actuel des Innocents.
Les ossements du cimetière des Innocents ont laissé depuis longtemps la place aux appareils photos des touristes, aux promeneurs qui s’attardent, ou aux amoureux qui s’embrassent. Un peu à l’image de Paris qui s’est toujours appuyé sur son passé pour en faire jaillir un perpétuel élan de nouveauté.
Vous pouvez retrouver tous les articles de cette série aux liens suivants :
Fontaine saint Michel
Fontaine Médicis
Fontaine Labyrinthe
Fontaine de Trévise
Fontaine Stravinsky
Fontaines Wallace
7/7 Fontaine des Innocents
It is time for me to bring our column on the fountains of Paris, which started with Fontaine Saint Michel, to a close. After much deliberation, I have decided on our subject for this last article: I shall be telling you about the Fontaine des Innocents in Paris’s first arrondissement. It is actually the oldest Parisian fountain known to date, so we are ending at the beginning. Found in the first arrondissement of Paris on Place Joachim du Bellay, this quadrangular fountain looks something like a little temple. Its history is rather exciting.
Built to mark Henry II’s grandiose arrival in Paris in 1549, it was designed by architect Pierre Lescot and adorned with sculptures by Jean Goujon, delicate reliefs depicting water nymphs to keep the ancient tradition of the nymphaeum alive. The innocents of the fountain’s name are a reference to the graveyard in which the fountain was originally erected.
At the end of the 18th century, all of Paris’s graveyards were emptied and replaced by those we know today, which at the time were located outside the city’s boundaries. The Cimitière des Innocents, adjoined to the Eglise des Saints-Innocents and often used for mass graves, was emptied too, following the collapse of an underground wall. The church was demolished in 1785, leaving the fountain standing alone in a corner of the space created, which was to become a marketplace. In 1788, the fountain was moved to the middle of the new market. However, the two original decorated faces were no longer enough to adorn the new fountain’s four sides. It was enhanced with new pilasters, new bas-reliefs and several naiads, all by Pajou’s hand.
Under the First French Empire, improvements to the water supply allowed the fountain a much stronger flow, which is why, in 1810, Goujon’s bas-reliefs were removed from its base to preserve them from erosion; they were added to the Louvre’s collection in 1824.
In 1856, under Davioud’s direction, the fountain was moved and modified once again (pyramidal base, six tiered basins on each side, a bronze bowl in the centre, and a metal cupola designed to look like fish scales). It stands in the middle of “Square of the Innocents” to this day.
The bones from the Cimetière des Innocents are long gone, and the square where they once lay is now trodden by snap-happy tourists, lingering passers-by and couples in love. In a way, it is a mirror of Paris itself, constantly drawing inspiration from its past to foster invigorating new life.
Thank you for following this Le Mathurin column on the fountains of Paris. Feel free to access the articles again at the following links…
Fontaine saint Michel
Fontaine Médicis
Fontaine Labyrinthe
Fontaine de Trévise
Fontaine Stravinsky
Fontaines Wallace
Didier MOINEL DELALANDE