Je lance une alerte à tous les esthètes et amoureux du superflu : le musée d’Orsay accueille jusqu’au 15 janvier 2012, l’exposition «Beauté, morale et volupté dans l’Angleterre d’Oscar Wilde». Allez y faire un tour si vous êtes sensibles à l’univers raffiné du «Aesthetic Movement», ce courant né en Angleterre vers 1860 et moribond vers 1895 lors de l’incarcération de Wilde pour mœurs homosexuels considérées comme trop ostentatoires. Rompant avec la morale victorienne et cherchant à échapper à la laideur du matérialisme, il inventait un nouvel idéal de beauté en prônant « l’art pour l’art ». La sensualité, l’harmonie des couleurs et des formes, la richesse des décorations supplantaient les sujets représentés. Vous y verrez, par exemple, le tableau « Mère et Enfant » de Frederic Leighton ; la rougeur des cerises, la flamboyance du tapis persan, la blancheur des lys et le décor des paravents japonais dominent le tableau. De même, le tableau « Une Vénus » d’Albert Moore où exulte un nu agrémenté de porcelaine de Chine en bleu et de délicates fleurs blanches.
Outre la peinture, les arts décoratifs ne sont pas en reste dans cette superbe exposition : mobiliers, porcelaines, bijoux, illustrations d’ouvrages, sculptures, photographies. Vous y admirerez, notamment, un fauteuil s’inspirant à la fois du Japon et de l’art néo-grec ou une théière en argent incrustée de turquoises. L’exposition traite, également, de la mode vestimentaire à cette époque. Robes d’après-midi, capelines, éventails, costumes en velours, donnent un aperçu de l’art de vivre des esthètes répondant, ainsi, à cette affirmation d’Oscar Wilde : « L’avenir appartient au dandy ». En fait, il s’agissait d’immiscer le beau partout et de mener une existence hermétique à la marchandisation du monde. Cela dit, ne vous attendez pas à croiser, dans cette exposition, les prémisses de l’art contemporain du XX ème siècle. Non, pas du tout. L’ « Aesthetic Movement » fut une quête sensuelle et esthétique menée dans un certain classicisme. Ni plus, ni moins.
Enfin, si vous n’aviez pas le temps d’aller au Musée d’Orsay, je vous conseillerais de vous procurer le catalogue de l’exposition. Il est fort bien fait et aborde tous les aspects de ce «Aesthetic Movement ». C’est une coédition Flammarion / Musée d’Orsay (224 pages, 25 €).
Wilde at Orsay
Prior warning to all you aesthetes and lovers of superfluity: the Musée d’Orsay will be hosting the « Beauté, morale et volupté dans l’Angleterre d’Oscar Wilde » (Beauty, morals and voluptuousness in the England of Oscar Wilde) exhibition until 15 January 2012. Go and take a look if you are interested in the sophisticated world of the Aesthetic Movement, a trend which began in England around 1860 and which came to an end around 1895 at the time of Wilde’s imprisonment for leading a homosexual lifestyle considered too ostentatious. Breaking with Victorian morals and looking to escape unattractive materialism, he developed a new idea of beauty, advocating « art for art’s sake ». The subjects depicted were superseded by sensuality, harmony of colours and shapes and the abundance of decorations. For example, if you look at Frederic Leighton’s painting « Mother and Child » you will notice the redness of the cherries, the flamboyance of the Persian rug, the whiteness of the lilies and the patterns on the Japanese screens which dominate it. The same can be said for Albert Moore’s « A Venus » in which a nude female exalts, embellished with blue china and delicate white flowers.
In addition to paintings, the decorative arts are not outdone in this superb exhibition, including furniture, china, jewellery, book illustrations, sculptures and photographs. In particular, don’t miss the armchair inspired by both Japanese and Greek-Revival art, or the silver teapot inlaid with turquoise. The exhibition also looks at clothing and fashion in this period. Afternoon dresses, wide-brimmed hats, fans and velvet suits give us an insight into the aesthetes’ art of living, in response to Oscar Wilde’s statement: « The future belongs to the dandy ». The movement was about introducing beauty everywhere and living far removed from the commercialisation of the world. That said, don’t expect to come across the premise of 20th century contemporary art here. Not at all. The Aesthetic Movement was a sensual and aesthetic journey, lead in a classical manner. No more, no less.
Lastly, if you don’t have time to go to the Musée d’Orsay, I advise you to buy the exhibition’s catalogue. It is very well done and describes all the aspects of this Aesthetic Movement. It is jointly published by Flammarion / Musée d’Orsay (224 pages, €25).
«Beauté, morale et volupté dans l’Angleterre d’Oscar Wilde»
Musée d’Orsay, Paris1, rue de la Légion d’honneur – 75007 Paris Tél. : 0140494814.
Ouvert le mardi, mercredi, vendredi, samedi et dimanche de 9h30 à 18h.
Du 13 septembre 2011 au 15 janvier 2012
Didier MOINEL DELALANDE