Magnifique Alagna

faustoperaLe lundi 10 octobre 2011, à l’Opéra Bastille, Roberto Alagna incarnera Faust dirigé par Alain Lombard. Cette œuvre, illustrissime, de Gounod fit les beaux jours de l’Opéra et Le Metropolitan de New York le choisit, même, pour son inauguration en 1883. Les plus grands chanteurs ont laissé leur empreinte dans cet opéra qui inspira à Gounod, lyrisme juvénile, douceurs tourmentées et frayeurs mémorables !

C’est dire l’évènement que constituera la soirée du 10 octobre 2011. De toute manière, avec ce magnifique ténor qu’est Roberto Alagna, les humbles habitants du landerneau lyrique (dont je suis), sont rarement déçus. Vif et attachant, le talent de Roberto Alagna n’échappe à personne. Tout comme ses frasques, d’ailleurs. Par exemple, tout le monde garde à l’esprit le décembre 2006, lorsque le ténor quitte la scène de la Scala de Milan, à la fin du premier air d’Aïda, après avoir entendu siffler des spectateurs. Le but était-il de faire la peau à un ténor pas complètement italien ? Tester une star et éprouver ses limites nerveuses ? Allez savoir ? En tous cas, on fit savoir, dès le lendemain, à Roberto Alagna, qu’il n’est plus le bienvenu à Milan. Lui-même, je le dis tout net, n’avait pas été à son meilleur. Entendons-nous : Alagna chanta bien Radames, mais il lui manqua cette espèce de densité musclée, de bronze dans le timbre, qui font les Radames historiques. Au rebours, ses plus précieuses qualités furent bridées par ce rôle. Lorsqu’il tentera de les faire valoir en tirant Radames vers plus de poésie et de lyrisme, il décevra un public milanais habitué aux Radames guerriers et trompetant.

Faust-Roberto-Alagna

Il est « comme çà » Alagna ; çà passe ou çà casse ! Sa ligne de conduite ne doit pas, cependant, être si mauvaise que cela, à considérer l’immense ferveur qu’il suscite aux quatre coins du monde, dès qu’il chante ou s’exprime dans d’autres registres. Qui n’a en tête ses initiatives en faveur du folklore sicilien, sa Marseillaise du  14 juillet 2005, son Manrico du Trouvère de Verdi aux Chorégies d’Orange, sa co-écriture du livret de l’opéra « Le dernier jour d’un condamné » adapté de Victor Hugo ou encore… ses démêlés conjugales avec la cantatrice Angela Gheorghiu. Encore très jeune, Roberto Alagna inaugure sa statue de cire au musée Grévin le 9 décembre 2008, parraine de nombreuses écoles lyriques et se retrouve, même, chevalier de la Légion d’honneur, dès 2008. Nous, on le retrouvera à la Bastille en octobre 2011 ! Beau parcours pour ce fils d’immigré italien qui apprendra, seul, le chant et débutera dans des cabarets de variétés. Une véritable saga, un roman de vie comme je les aime, plein de force, de volonté, de talent et de cette démesure qui font les « grands ». Et puis, ce ténor apporte le chant lyrique jusqu’aux oreilles des plus novices. Rien que pour cela, qu’il soit remercié !

Magnificent Alagna
On Monday the 10th of October 2011, at the Bastille Opera, Roberto Alagna will play Faust under the direction of Alain Lombard. This hugely famous work by Gounod brought opera to new heights and the Metropolitan Opera in New York even chose it for its inauguration in 1883. The greatest singers have left their mark on this opera which inspired in Gounod a childlike enthusiasm, tormented joy and memorable moments of fear!
Therefore you can imagine what an event the evening of the 10th of October 2011 will be. In any case, with this magnificent tenor that is Roberto Alagna, the humble members of the opera fraternity (of which I am one), are rarely disappointed. Roberto Alagna’s lively and endearing talent escapes no one. Nor do his scandals, however. For example, everybody remembers the night in December 2006 when the tenor flounced off the stage of La Scala in Milan, at the end of the first air of Aida, after hearing whistling in the audience. Was the idea to bring a tenor that was not completely Italian down a peg or two? Or to test a star to find out how far his nervous limits could be pushed? Who knows? In any case, the next day Roberto Alagna was informed that he was no longer welcome at the Milan opera house. And I must say that the artist was not at his best that night. Let me make sure that we understand each other: Alagna sung Radames well, but he lacked the sort of brute-force density and bronze timbre that makes a brilliant Radames. On the other hand, his most precious qualities were choked by this role. And when he tried to give voice to them by bringing more poetry and lyricism to the character of Radames, he disappointed a Milanese public used to seeing a defiant and swaggering Radames.
But that’s the way Alagna is; fabulous or a flop! Nevertheless his line of conduct cannot be that bad given the immense fervour that he stirs up all over the world whenever he sings or expresses himself in other registers. Who can forget his initiatives in favour of Sicilian folklore, his rendition of the French national anthem on the 14th of July 2005, his Manrico in Verdi’s Il Trovatore at the Chorégies d’Orange opera festival, his participation in writing the opera adaptation of ‘The Last Day of a Condemned Man’ by Victor Hugo and finally his rollercoaster ride of a marriage with soprano opera singer Angela Gheorghiu. Despite his young age, Roberto Alagna inaugurated his wax statue at the Musée Grévin on the 9th of December 2008, is the ambassador of several opera schools, and even received the Legion of Honour in 2008. And he will be at the Bastille Opera house in October 2011! What a story for this son of an Italian immigrant who taught himself the art and started out singing in cabarets. A true saga, a life story just as I like them to be, full of strength, determination, talent and this immoderation that makes the ‘greats’. Finally this tenor has brought opera to a much greater audience. If only for that, he should be thanked!

Didier MOINEL DELALANDE

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