Je vous parlais récemment du siège de la préfecture de police de Paris, plus connu sous le nom du «36», ou le «Quai des orfèvres». Autre adresse mythique à Paris, la place Beauvau. Elle abrite le ministère de l’intérieur. Les médias français désignent d’ailleurs traditionnellement le ministère par métonymie « la place Beauvau », et le ministre le « locataire de la place Beauvau ».
La place doit son nom au voisinage de l’Hôtel du maréchal-prince Charles Juste de Beauvau-Craon (Lunéville, le 10 septembre 1720 – Saint-Germain-en-Laye, le 21 mai 1793). La place Beauvau était décrite dans l’ouvrage l’Histoire de Paris (1859) comme « (…) une vignette intercalée dans le texte et dans la pagination de ce livre aristocratique, intitulé rue du Faubourg-Saint-honoré, dont près de la moitié est écrit en anglais. Ce quartier jouit de la prédilection, bien avérée des voyageurs qui passent la Manche pour comparer Paris à Londres, et ce n’est pas d’hier que le Paris d’au-delà de la rue Royale a une physionomie à demi étrangère ».
Une anecdote remarquable précise que l’une des toutes premières pompes à incendie servit pour la première fois lors de l’incendie qui se déclara dans l’hôtel particulier de la comtesse de Coligary le 29 octobre 1819. Cette machine lançait l’eau de la place Beauvau à hauteur du troisième étage. La pompe fut conçue par Jean-Baptiste Launay. Le monument le plus remarquable de la place est naturellement l’hôtel Beauvau qui abrite aujourd’hui le ministère de l’intérieur.
Un avocat au parlement de Paris, Armand Gaston Camus (1740-1804), fut à l’origine du bâtiment. C’est l’architecte Nicolas le Camus de Mézières qui fut chargé de l’édification de la construction. En 1770, le gros oeuvre était achevé. Un péristyle dorique flanqué de deux pavillons d’entrée en arcades ouvrait sur le corps de logis principal, « haut d’un rez-de-chaussée et de deux étages carrés avec combles au-dessus ». Le bail avait été cédé par Armand Gaston au maréchal de Beauvau, Gouverneur du Languedoc, membre de l’Académie Française, qui fonda le cercle littéraire Beauvau à partir de 1771. Le cercle fut développé par son neveu le chevalier de Boufflers qui développa le cercle et occupa l’hôtel jusqu’à sa mort en 1793. Sa veuve, inconsolable, céda le bail en 1795. Plusieurs propriétaires se succédèrent jusqu’en 1859, date à laquelle le banquier André céda le bâtiment à l’Etat. Le bâtiment fut affecté dans un premier temps à l’éphémère ministère de l’Algérie, puis en 1861, le ministère de l’intérieur y prit finalement ses quartiers. Aujourd’hui le bâtiment est régulièrement loué dans le cadre de la valorisation du patrimoine de l’Etat. Ainsi, plusieurs films, court-métrages, tournages ont lieu dans les bâtiments de l’hôtel.
Place Beauvau
I spoke to you recently about the headquarters of the Parisian Police Prefecture, better known as the “36” or “Quai des Orfèvres”. Now to another of Paris’s iconic spots: Place Beauvau, which houses the Ministry of the Interior. It is actually customary for the French media to refer to the Ministry metonymically as “Place Beauvau” and to the Minister as “the tenant at Place Beauvau”.
The square owes its name to its proximity to Hôtel Beauvau, a mansion that belonged to the prince and field marshal Charles Juste de Beauvau-Craon (who was born on 10 September 1720, in Lunéville and died on 21 May 1793, in Saint-Germain-en-Laye). Place Beauvau was described in an 1859 publication called L’Histoire de Paris as “…a chapter, slipped into the text and pages of the aristocratic book that is Rue du Faubourg-Saint-Honoré, of which half is written in English. The district enjoys a well-established popularity with travellers who cross the Channel to compare Paris to London; it is no recent phenomenon that the Paris found beyond Rue Royale is half-filled with foreign features.” One remarkable anecdote tells of how one of the very first firefighting pumps was first used to quell a fire that broke out in the Comtesse de Coligary’s private mansion on 29 October 1819. The apparatus, designed by Jean-Baptiste Launay, propelled water from Place Beauvau all the way up to the third floor. The square’s most impressive building remains, of course, Hôtel Beauvau, which today houses the Ministry of the Interior.
Armand Gaston Camus (1740-1804), a lawyer in the Parisian parliament, commissioned the building. Architect Nicolas le Camus de Mézières was placed in charge of its construction, and in 1770, the structural works were completed. A Doric peristyle flanked by two entrance wings decorated with arches led the way to the main building, “composed of a ground floor and two more square floors above it, with attics at the top.” Armand Gaston transferred the lease to Maréchal de Beauvau, Gouverneur de Languedoc, a member of the Académie Française who founded the Beauvau literary circle in 1771. This group was furthered by his nephew, the Chevalier de Boufflers, who lived in the mansion until his death in 1793. Stricken with grief, his widow gave up the lease in 1795, and the property changed hands several times before André, a banker, sold the building to the state in 1859. First of all, it was used to house the temporary Ministry of Algeria; then, in 1861, the Ministry of the Interior finally took up quarters there. Today, the building is rented out on a regular basis as part of a programme to promote government-owned heritage. As a result, the screening of long and short feature films and filming itself often take place in the mansion’s buildings.
Didier MOINEL DELALANDE