Après les expositions Vigée le Brun et Fragonard, j’ai l’impression d’être abonné au XVIIIème siècle en cette saison 2015-2016, mais c’est avec plaisir que je découvre à chacune d’entre elles la richesse artistique française du « siècle des lumières ».
Le Louvre consacre une rétrospective de 140 tableaux à Hubert Robert qu’on surnomme « le peintre des ruines ». Très marqué par le séjour qu’il fit à Rome au début de sa carrière, Robert semble en avoir en effet fait l’un des sujets principaux de ses œuvres. Le fait qu’il ait été rapidement reconnu par l’Académie de France comme peintre d’architecture semble confirmer cette tendance.
Cependant, on aurait tort de considérer les œuvres exposées comme de simples amas de ruines. J’ai personnellement admiré la grandeur, la beauté et la mélancolie qui s’en dégageait. D’autre part, chaque toile foisonne de détails amusants, notamment la foule de lavandières qui astique son linge en faisant parfois abstraction du contexte spatio-temporel (L’incendie de Rome). On peut également admirer le déploiement de l’imagination dans les ruines représentées à mi-chemin entre la réalité et la créativité du peintre. On pourra également y voir une réflexion sur les civilisations qui passent et la vie qui suit son cours. D’autres genres, moins prégnants, sont également exposés : scènes de genre, caprices architecturaux, représentations historiques toutes dignes d’intérêt…
On découvrira également avec beaucoup d’intérêt la vie de l’artiste. Emprisonné sous la révolution, il doit notamment sa survie à la frénésie qui l’animait pour peindre sur tout ce qu’il lui tombait sous la main… et à la mort précoce de Robespierre. Robert fut également l’un des grands bienfaiteurs du Louvre et l’un de ses premiers conservateurs. La dernière salle avec les représentations du musée est particulièrement digne d’intérêt.
Robert fut également créateur et aménageur de jardins. Il fut d’ailleurs nommé « dessinateur des Jardins du roi » en 1784. On trouve encore quelques unes de ses réalisations en Île-de-France donc le parc du château de Méréville. J’attire d’ailleurs votre intention sur cet article sorti il y peu dans le Parisien. Comme l’explique le conservateur de l’exposition : « Nous avons organisé cette exposition pour un tas de raisons, dont celle d’attirer l’attention sur le château de Méréville. Je me suis rendu sur place et c’est un des derniers endroits où l’on peut encore apprécier les jardins décoiffés imaginés par Hubert Robert. Ils détonnaient avec les jardins à la française de l’époque, bien rangés. Il devient un des concepteurs des jardins pittoresques et Méréville en est un des derniers témoignages. Outre le tableau du château peint par Hubert Robert vers 1790, l’exposition évoque Méréville avec un film qui fera comprendre, je l’espère, l’importance du domaine » ou quand une simple exposition devient le défenseur de notre patrimoine !
Hubert Robert at the Louvre
Following the Vigée le Brun and Fragonard exhibitions, I’m under the impression that I’ve signed up to the 18th century for the 2015-2016 season but, nevertheless, I have been delighted to discover the depth of French art during the Enlightenment.
The Louvre is hosting a retrospective exhibition of 140 paintings by Hubert Robert, known as the ‘painter of ruins’. Marked by a visit to Rome at the start of his career, Robert appears to have made it one of the main subjects of his work. The fact that he was rapidly recognised by the Académie de France as a painter of architecture appears to confirm this trend.
However, we would be wrong to consider the works exhibited simply as a pile of ruins. Personally, I admire the grandeur, beauty and melancholy feeling that emanates from them. Each canvas abounds with amusing details, particularly the groups of washerwomen scrubbing their laundry, sometimes in complete disregard for the spatial-temporal context (The Great Fire of Rome). We can also admire the use of imagination in the ruins which are half-way between reality and the artist’s creativity. They also give pause for thought over past civilisations and the continuity of life. Other, less significant genres are also exhibited: genre scenes, architectural caprices, historical paintings, all of which are worthy of attention …
The artist’s fascinating life story is also told. Imprisoned after the revolution, his survival was down to the craving he had for painting on anything that came to hand … and to the early death of Robespierre. Robert was also one of the Louvre’s major benefactors and one of its first custodians. The last room featuring paintings of the Museum is particularly worth a look.
Robert was also a garden designer and planner. He was appointed ‘designer of the king’s gardens’ in 1784. Some of his work can still be seen in the Île de France, including at the park of the Château de Méréville. I’d like to draw your attention to this article which was recently published in Le Parisien. As the curator of the exhibition explains: ‘We organised this exhibition for a number of reasons, one of which was wanting to draw attention to the Château de Méréville. I’ve visited it and it’s one of the last places where you can still enjoy the wild gardens designed by Hubert Robert. They were incongruous with the well-organised French gardens of the time. He became one of the designers of picturesque gardens, of which Méréville is one of the last examples. Besides the painting of the Château painted by Hubert Robert around 1790, the exhibition evokes Méréville with a film which I hope explains the importance of the site’. How a simple exhibition can become a defender of our heritage!
Didier MOINEL DELALANDE