Nous poursuivons notre promenade en bord de Seine pour nous arrêter aujourd’hui sur le Pont de la Concorde. Un ouvrage jugé révolutionnaire lors de sa construction, tant pour son procédé de création que pour les matériaux utilisés. En effet, le pont fut notamment construit à partir des pierres de la Bastille reconvertie après sa prise en carrière de pierre pour que « les patriotes foulassent aux pieds chaque jour les débris de l’exécrable forteresse ! » La véracité de cette version est remise en question par plusieurs historiens.
L’idée de construire un pont à cet endroit fait son chemin dès 1755 pour décongestionner le Pont Royal. Un projet de pont en pierre est proposé en 1771, accepté par Louis XVI en 1772. Faute de crédit, le projet est ajourné. Dans un édit de septembre 1786, relatif aux embellissements de Paris, Louis XVI commande de débarrasser les ponts de leurs maisons débloquant un emprunt de 30 millions de livres dont 1 200 000 sont affectées à l’édification d’un nouveau pont sur la Seine.
Les travaux débutent en 1787, interrompus au bout d’une semaine, la première pierre est finalement posée en 1788. Malgré les premières convulsions de la Révolution, le chantier, par moments animé par plus de 1200 ouvriers, est mené à son terme. Début novembre 1791, l’ouvrage, long de 138 m – 150 m entre les culées -, large de 15, 59 est achevé.
Sobrement nommé Pont Louis XVI à ses débuts, puis rebaptisé Pont de la Révolution, Il passe alors pour un admirable ouvrage d’art. Vers 1800, il devient le Pont de la Concorde dans un souci de réconciliation. Le projet d’orner le pont de statues colossales fera son chemin et connaîtra plusieurs projets (servants de la monarchie, révolutionnaires, généraux de Napoléon, hommes d’état…). C’est le projet de Louis-Philippe de mettre à l’honneur les serviteurs de la Monarchie (4 ministres, 4 militaires, 4 marins) qui sera retenu et quasi achevé en 1828. Les statues connaîtront par la suite des destins divers. Le pont subira plusieurs vagues de rénovation au XXème siècle. Ainsi, en 1931, sa largeur a été portée de 15, 59, m à 35 mètres.
Le pont a également été témoins de grands moments. Lieu de réjouissances et de célébrations, il accueille le retour des cendres de Napoléon en 1840, la célébration de la IIème République en 1851, l’enterrement de Gambetta en 1883, l’enterrement de Victor Hugo en 1885, l’affrontement entre les ligues de droite et les forces de l’ordre en 1934 qui fera 15 morts et plus de 1000 blessés…
Didier MOINEL DELALANDE