La première pierre fut posée par le roi Henri III le 31 mai 1578. Touché par la perte récente de deux de ses « mignons », le roi est en pleurs selon plusieurs témoignages. Le futur ouvrage sera d’ailleurs nommé par les parisiens le pont aux pleurs. Auparavant, la traversée de la Seine à cet endroit s’effectuait par bac. La non-création d’un pont à cet endroit était notamment à mettre au crédit des marchands sur les ponts alentour qui craignaient que la création d’un nouvel édifice ne leur fasse concurrence.
Le projet retenu est celui situé au confluent des deux bras de la Seine, à la pointe occidentale de l’île de la Cité signé de Baptiste Androuet du Cerceau, contrôleur général des bâtiments du royaume, et de Pierre des Isles. L’exécution, confiée à plusieurs entrepreneurs, est principalement l’oeuvre de Guillaume Marchand.
La construction est interrompue vers 1580, en raison des événements politiques de l’époque. Henri IV relancera les travaux en 1598. L’ouvrage est achevé en 1607. La création du pont entraîna d’autres projets d’urbanisme, notamment avec l’édification de la place Dauphine à deux pas (nommée ainsi en l’honneur du futur dauphin Louis XIII) et la rue Dauphine. Les travaux d’aménagement, d’amélioration et d’entretien n’ont pas cessé depuis.
Le Pont Neuf a plusieurs spécificités, notamment celle d’être doté de passages réservés aux piétons, et de n’avoir aucun commerce installé dessus (des échoppes et boutiques éphémères apparaîtront par la suite, mais seront définitivement détruites entre 1851 et 1855). Il est aussi le premier pont à être décoré. Il propose encore aujourd’hui une étonnante galerie de portraits, un ensemble de 380 mascarons œuvres de plusieurs dont aucun n’est d’époque. Récemment, un plongeur de la Brigade fluviale découvrit d’ailleurs un mascaron immergé. Signalons que l’on peut voir des pièces
originales déposées et soigneusement protégées au Musée Carnavalet et au musé national de la Renaissance à Ecouen (95).
Indissociable du Pont-Neuf, la statue équestre d’Henri IV érigée sur le terre-plein central, faisant face à la place Dauphine, fut offerte à la ville de Paris par son épouse Marie de Médicis. Cette statue royale, la première érigée sur une place publique, commandée en 1604, fut installée qu’en 1614. Détruite en 1792, elle sera remplacée en 1818 lors de la restauration (Victor Hugo aurait participé à acheminer la nouvelle statue à son emplacement actuel).
Les nombreux événements historiques qui s’y déroulèrent (on peut citer le passage du cortège funéraire d’Henri IV en 1610, mais aussi le cortège du sacre de Napoléon en 1804 et bien d’autres…) ainsi que les très nombreux hommages d’artiste font encore aujourd’hui du Pont Neuf l’un des plus emblématiques de Paris. Il fut d’ailleurs choisi pour symboliser le passage à la nouvelle monnaie européenne lors de la cérémonie du passage à l’euro en janvier 2002.
L’illustration de l’article est une aquarelle de Monsieur Michel Colson
The Pont Neuf
Its first stone was laid by Henry III of France on 31 May 1578. Mourning the recent loss of two of his “Mignons”, the king was in tears at the inauguration, according to several witnesses. The finished work would later be nicknamed the bridge of tears by Parisians. Previously, a ferry service had allowed people to cross the Seine at this point.
The selected project, located at the confluence of the two channels of the Seine at the western end of Ile de la Cité, was designed by Baptiste Androuet du Cerceau, supervisor of royal works, and Pierre des Isles. The construction was entrusted to several contractors and led by Guillaume Marchand. Building work was interrupted around 1580 due to the political events of the time.
Henry IV set the project back in motion in 1598, and the construction was completed in 1607. The bridge’s creation led to other urban projects, including the construction of nearby Place Dauphine (named after the future dauphin or heir apparent, Louis XIII) and Rue Dauphine. Development, enhancement and upkeep works have been ongoing ever since.
The Pont Neuf had various characteristic features, including the fact that it included pedestrian walkways and had no businesses built on it (small houses and temporary shops did appear later on, but they were demolished for good between 1851 and 1855). It was also the first bridge to be decorated. To this day, it is home to a surprising portrait gallery: a collection of 380 mascaron ornaments, added over the years by various sculptors. Recently, a diver from the police department’s river unit discovered a mascaron that had sunk. It’s worth noting that you can see original pieces that have been transferred and carefully preserved at the Musée Carnavalet and the Musée National de la Renaissance (in the Val-d’Oise department).
An integral part of the Pont Neuf is the equestrian statue of Henry IV. Erected in the centre of the bridge on the island, facing Place Dauphine, it was given to the city of Paris by the king’s wife, Marie de Medici. This royal statue, the first to be erected in a public square, was only installed in 1614, despite having been commissioned in 1604. After being destroyed in 1792, it was replaced in 1818 during the Bourbon Restoration (it is said that Victor Hugo helped to transport the new statue to the spot where it stands today).
The various historical events which have taken place here (such as the passage of Henry IV’s funeral procession in 1610 and Napoleon’s coronation procession in 1804, among many others) and the great many artistic homages paid to the Pont Neuf make it one of the most iconic bridges in modern Paris. It was even chosen as the symbol of the transition to the new European currency at the ceremony marking the adoption of the euro in January 2002.
L’illustration de l’article est une aquarelle de Monsieur Michel Colson
Didier MOINEL DELALANDE