Je me doutais bien lors de l’acquisition du Mathurin que cet établissement n’était pas comme les autres. Il inspirait le rêve, la création, la culture mais aussi les souvenirs d’enfance… Et quelle ne fut pas ma (bonne !) surprise quand ce client, d’un genre particulier, était venu, comme de nulle part, prendre la clé de sa chambre. De lui, transpirait ce léger goût de folie qui fait de certains hommes des êtres à part. Il avait un regard perçant baigné d’une humanité rare. Il nous demandait si nous pouvions lui trouver des moutons pour s’endormir. Un autre établissement aurait secrètement téléphoné à un médecin pour lui prendre le pouls. Je décidai de lui indiquer qu’il n’y aurait aucun problème. Il me remercia. Simplement. Je trouvai, le lendemain, cette photo sur mon bureau. Il y était inscrit : “merci pour ce doux rêve d’enfance. Mais n’était-ce qu’un rêve ?”. Je fais, notamment, mon métier pour ces rencontres improbables, légères et si profondes à la fois. Un régal…
Scènes à tous les étages… Try counting sheep!
I was convinced, when we took over the Mathurin, that it was a hotel like no other. It inspired dreams, creation, culture but also childhood memories… And what a (pleasant!) surprise I got when this guest appeared, as if out of nowhere, to pick up the key to his room. He had that touch of folly about him that makes some people different. He had a piercing gaze brimming with a rare humanity. He asked us if we could find him some sheep to help him to fall asleep. Another hotel would probably have secretly phoned a doctor to get him checked over but I decided to assure him that this would be no problem. He thanked me simply. The next day I found this photo on my desk with a note saying: ‘thank you for this gentle childhood dream. But was it only a dream?’ This sort of improbable encounter, fleeting and yet so profound, is one of the reasons why I love my job. A pure delight…
Didier MOINEL DELALANDE