YSL Le triste

Louis II de Bavière, empereur romantique mort en 1886 dans une totale folie esthétique et Yves Saint Laurent, prince des fringues décédé en 2008 dans une profonde mélancolie, se promènent désormais, tous les deux, dans les allées ombragées du cimetière des grands nerveux. J’imaginais cela, l’autre jour, en m’informant des préparatifs de la première rétrospective de l’œuvre intégrale de YSL  organisée à Paris, du 11 mars au 29 août 2010.  Cette exposition, à l’initiative de La Fondation Pierre Bergé-Yves Saint Laurent et du Petit Palais, couvrira la période 1962 à 2002. Elle présentera 307 pièces inédites de Haute Couture et de Prêt à Porter ainsi que de nombreux documents et films qui exploreront le talent exceptionnel de ce grand couturier.

YSLOn ne lui doit rien de moins que la révolution de la garde-robe de la femme par emprunt au vestiaire masculin du smoking, du tailleur pantalon et de la saharienne. Il fit ainsi passer les attributs du pouvoir d’un sexe à l’autre. S’inspirant de la rue, de ses voyages (Russie, Chine, Inde, Espagne, Japon, Afrique et Maroc) et de son dialogue avec l’Art (Mondrian, Picasso, Matisse, Van Gogh), Yves Saint Laurent n’a cessé « de faire de la mode une fête ». Rompant avec les diktats de la haute couture traditionnelle, il s’est fait le styliste du présent pour habiller des femmes pleinement de leur temps. « À bas le Ritz, vive la rue ! » disait-il un jour. Chanel avait donné la liberté aux femmes. Yves Saint Laurent leur donna le pouvoir. La mise en scène des créations sélectionnées pour la rétrospective a été conçue comme une progression théâtrale depuis les débuts du couturier chez Dior en 1958 jusqu’à la splendeur des robes du soir d’Yves Saint Laurent. La construction du style Yves Saint Laurent et les fondements de son œuvre seront présentés dans leur contexte. La richesse des inspirations artistiques et culturelles se déploiera dans des tableaux que l’on dit être spectaculaires. Allons donc voir cette exposition qui s’annonce un moment de grâce de l’année 2010. Et, surtout, l’éclairage émouvant sur le travail d’un homme brisé par la souveraineté de ses propres créations. Sans doute avait-il perçu, comme Stéphane Mallarmé, Rimbaud ou Arthaud avant lui, qu’il est bien difficile de survivre dans la tiédeur du quotidien une fois touchée la rive des beautés supérieures.

YSL the melancholic
Ludwig II of Bavaria, the romantic emperor who died in 1886 in total aesthetic madness and Yves Saint Laurent, the haute couture prince who passed away in 2008 in a profound melancholy, are both now walking in the shady alleys of the cemetery of the highly strung. That is what came into my mind the other day when I heard about the preparations for the first retrospective of YSL’s life’s work organised in Paris from 11 March to 29 August 2010. This exhibition, initiated by the Pierre Bergé-Yves Saint Laurent Foundation and the Petit Palais, will encompass his designs from 1962 to 2002. It will present 307 Haute Couture and Ready-to-Wear pieces that have never been seen by the public and a host of documents and films exploring the exceptional talent of this great fashion designer.
YSLWe have him to thank for bringing about nothing less than a revolution in women’s wear by borrowing the tuxedo, the trouser suit and the safari jacket from the male wardrobe, thereby transferring the symbols of power from one sex to the other. Drawing inspiration from the street, from his travels (in Russia, China, India, Spain, Japan, Africa and Morocco) and from his dialogue with Art (Mondrian, Picasso, Matisse, and Van Gogh), Yves Saint Laurent was forever ‘turning fashion into a celebration’. He broke with the diktats of traditional haute couture and made his name as a designer of the present who dressed women in tune with their time. He once said ‘Down with the Ritz, long live the street!’ Chanel gave women freedom and Yves Saint Laurent gave them power. The creations chosen for the retrospective will be displayed in a theatrical progression from the designer’s early work for Dior in 1958 through to the splendour of Yves Saint Laurent evening gowns. The construction of the Yves Saint Laurent style and the foundations of his work will be presented in their context. The wealth of artistic and cultural inspirations will be shown in spectacular manner. So do go and see this exhibition which promises to be one of the high points of 2010 and, above all, a moving tribute to the work of a man overcome by the sovereignty of his own creations. He undoubtedly felt, like Stéphane Mallarmé, Rimbaud or Arthaud before him, that it is very hard to survive in the mediocrity of everyday life once you have touched upon the realms of superior beauty.

Petit Palais, Musée des Beaux-Arts de la Ville de Paris
Avenue Winston Churchill. 75008 Paris.
Du 11 mars au 29 août 2010

Didier MOINEL DELALANDE

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